Les histoires du papier de Margherita del Balzo la portent à dessiner ses propres métamorphoses ...
Elles se nourrissent du souvenir magique de ses promenades d’enfant dans la « vallée des fées » de son grand-père. Elles goûtent les folklores antiques et intemporels. Elles embrassent ces reliques remodelées de la Renaissance qui habitent son Italie maternelle. Elles croisent les paraboles canoniques de son éducation, les légendes adorées de son imagination, les contes païens de son sommeil et les nouvelles apocryphes de sa mémoire. Saga ininterrompue à la croisée des inspirations, ses fables mythologiques racontent la bible de sa Création. Muses, héros, dieux et demi-dieux, chimères, licornes, centaures, hamadryades et autres créatures fabuleuses viennent peupler sa toile, accrochés aux balançoires de fibres ou perdus dans les noeuds du végétal. Villes troglodytes, dédales, nids collectifs, ponts suspendus et branches habitées, feux de joie et incendies, panoramas ou plans serrés composent les décors. De Babylone en Arcadie, de grottes maudites en Paradis, animaux fantastiques et humanités de passage racontent l’origine de mille mondes et leurs tourments et leurs chutes, les cul de sac, les carrefours et les cieux de lutte ; la danse des filles de Crotone, les banquets d’ivresse et les scènes de genre, les premiers amours et les lieux de mort. Loin de la nostalgie passéiste du modèle iconographique de l’art occidental, niant la querelle des anciens et des modernes locale, son arbre à mythes bourgeonne de fantaisies anachroniques et universelles. Il offre au spectateur un nouveau rôle de mythographe du papier, de la trame du support à ses fables de plume. Avec le travestissement de l’imaginaire collectif pour religion profane.