Lors de son premier long voyage, dans la trame de ses premiers papiers faits main, Margherita del Balzo fait émerger sa galerie de nuées ...
Elle débute par les nuages : lourds ou légers, opaques ou translucides, blafards ou colorés, ils voguent arrondis en cercle vers les astres ou hors-champ étirés à l’horizontale. Elle retrouve en eux l’imaginaire enfantin des formes à déchiffrer ; lorsque nous étions allongés dans l’herbe fascinés, « pétrisseurs paresseux » disait Bachelard, pour mieux rêver. Fantasmes ou fantaisies d’Olympe dans l’architecture, signes aériens des forces de la nature, du détail à la masse, ses petits canots et ses navires de pluie prennent parfois toute la place. Miracle angélique des humeurs du monde et du climat ou colère divine tenace ? L’onirisme que rien n’efface. Au fil de l’objet poétique, Margherita del Balzo décline les marines du ciel. Et découvre la force méditative et émotionnelle du vaporeux dans le paysage. La brume, les fumées des volcans, le brouillard, les vagues de poussière, les marées de nuages, fabriquent un refuge impalpable à l’âme encombrée par les choses terrestres : une nébulothèque à la recherche de l’apesanteur perdue sous la nue des corps célestes. Sur la chair cotonneuse de son support, entre relique spirituelle et belle épine, le trait de plume fait émerger les vertiges du cosmos dans nos racines. Le glacis nimbe les voiles mythologiques. La toile fibreuse s’alourdit de cumulus bibliques. Imitant le héros de Caspar Friedrich devant sa mer mystique, l’artiste invite à plonger dans ces écumes du jour et de la nuit pour retrouver nos émotions originelles.