Commencé au Cambodge par quelques songes apprivoisés, cette collection de dessins de Margherita del Balzo est un drôle de carnet de voyage ; un peu comme la visite d’un musée d’histoire naturelle dont la fantaisie mutante artistique aurait réécrit les étages ...
Formats immenses ou petits moleskines, sa série présente un défilé d’outils énigmatiques, quotidiens, rituels, religieux ou jardiniers, vertèbres de post-humanité ou plantes d’organes ressuscités. Entre-monde lieu-corps-objet, l’ostéothèque fouille une mémoire du futur à l’aube d’une autre civilisation. C’est la danse macabre de l’évolution, entre archéologie futuriste et vanités de notre consommation. C’est une leçon de choses fantastique, au croisement de la faune et la flore ; une confusion organique des genres. C’est une galerie du vivant inconnu, des squelettes de papier aux planches anatomiques revues. C’est un défi à notre crédulité, entre fiches botaniques techniques et herbes folles cérébrales. C’est un reliquaire profane, sacré de rouille en colonnes vertébrales. C’est un cabinet de curiosités du rêve artistique, faisant palpiter le règne végétal. C’est un dictionnaire imagé de l’imprévu, entre visible et lisible d’un alphabet perdu. C’est le plaisir exotique de l’étranger, ramenant au ravissement enfantin du jamais-vu. Loin de l’ethnocentrisme des formes, de la matière au matériel, Margherita del Balzo rompt la monotonie du réel en empruntant l’imaginaire de l’insolite… et l’insolite de son imaginaire. Redécouverte de la fascinante étrangeté, elle rappelle l’indispensable rôle de l’artiste : réapprendre à s’émerveiller.